mercredi 8 juillet 2015

Un homme en partance



A mon grand-père
Georges-Théodore BESSE 




Dans cette soirée triste où la vie vagabonde,
Emportée par le vent de la désillusion,
Un homme en partance, emmitouflé pour l'hiver,
Erre sur le quai désert des sentiments vains.


Ses pas somnambules martèlent le présent,
Trop longue chevauchée d’un destin argenté
Se cognent aux noirceurs du tissu de la vie
Que tisse sa peine en lignes inaccessibles.


Au loin gronde un appel qui s’approche et chavire
Enveloppe cette âme et la met au supplice
D’un départ douloureux au combien désiré
Pour s’extraire enfin de ce monde déclinant.


Sa souffrance résonne en pâles oraisons
En une stridence de joie fêlée de peur
Qui le pousse à entrer dans cette onde fumeuse
Dont la porte sécrète ouvre vers l’infini.


Dans cette obscurité des choses trop vécues
Le cortège du temps s'anime lentement
Tout s'ébranle alors en un tangage effréné
Et sa vie se craquèle à l’écho du passé.


Des paysages filent vers ses rêveries
Sillonnent les passions d'une enfance heureuse
Entrent dans le pays de l’amour éternel
Où il est aussitôt condamné à souffrir.


Les rames du souci foncent sur sa détresse
Qu'un Orient sanguinaire n'a pu achever
Son voyage n'est plus alors qu'un grand nulle part
Car la vie en combat l’a brisé à jamais.


Oh pays des mirages, des douces illusions
Il recherche ta porte à l'entrée luxuriante
Pour enfin déposer la noirceur qui l'entoure
Enveloppe son corps, le réduit au silence.

Aucun commentaire: